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Tàr

Le nouveau film de Todd Field, taillé sur mesure pour Cate Blanchett (et qui lui a permis de remporter la Coupe Volpi de la meilleure interprétation féminine à la dernière Mostra de Venise), offre un nouveau regard et une réflexion intéressante sur les enjeux de pouvoir et de domination.

Lydia Tár est « une cheffe d'orchestre considérée comme l'une des meilleures dans son domaine, et la toute première femme de l'histoire à diriger un grand orchestre allemand ». En lisant le synopsis de Tár, on pourrait s'attendre à un biopic féminin, voire féministe. Une histoire de talent incommensurable, un récit de triomphe contre l'adversité. Mais comme le film, ce bref résumé est plus retors qu'il en a l'air : sa vraie nature se cache dans les espaces et les silences (que Tár distille avec expertise). Et si la cheffe d'orchestre incarnée par Cate Blanchett est un pur produit de fiction, son comportement, lui, est ancré dans une réalité qui nous est bien familière : celle des abus de pouvoir dans l'industrie créative.

Lydia est une artiste visionnaire, une musicienne et professeure brillante qui capte l'attention partout où elle passe, observée avec un mélange d'admiration et de crainte. Au début, on aimerait l'ériger en héroïne, mais ce que l’on va comprendre progressivement, c'est que Lydia Tár traîne derrière elle des accusations d'abus et de harcèlement. Alors qu'on s'attendait à ce que cette lesbienne iconoclaste prenne la défense des opprimés, on comprend progressivement que l'oppresseur, c'est elle…

Todd Field (In the Bedroom, Little Children), cinéaste rare mais redoutablement talentueux, a l'habitude de s'attaquer à des sujets difficiles et politiquement complexes. L’imposant Tár est une nouvelle réussite qui désamorce les idées préconçues et déstabilise habilement le spectateur. Le thriller examine, avec son script cruel et facétieux, des sujets contemporains aussi épineux que la « cancel culture », les abus de pouvoir et la séparation entre l'homme et l'artiste — ou, dans ce cas précis, la femme et l'artiste. Avec ce portrait d'une femme aussi fascinante que repoussante, le film va au-delà des dichotomies de genre — dans une scène, Lydia se présente d'ailleurs comme « le père » de sa fille —, et montre que l'abus peut avoir de nombreux visages.

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